Finance et climat : les ONG pointent du doigt les banques françaises
Les ONG appellent la France à légiférer dès 2020 pour contraindre les banques françaises à adopter des stratégies visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Alors que ces dernières années, certains établissements se sont engagés à réduire progressivement leur soutien à des secteurs comme le charbon, le tabac ou les sables bitumineux, le rythme de marche est « bien trop inégal et trop lent » pour engager des transformations rapides, selon Oxfam et Les Amis de la Terre.
Les chiffres de l’empreinte carbone des banques
Malgré les engagements pris, les principaux établissements bancaires français financent encore massivement le secteur des énergies fossiles. Selon un rapport publié le 28 novembre 2019, à la veille du Climate Finance Day, l’empreinte carbone de ces acteurs représente plus de quatre fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière. BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole émettent chacune plus que le territoire français.
Cette étude, qui s’appuie sur l’ensemble des transactions financières réalisées par les banques françaises vers des entreprises actives dans les énergies fossiles en 2018 et sur les émissions de gaz à effet de serre enregistrées en France cette même année, révèle même que ces acteurs financiers « aggravent l’addiction du système énergétique global au charbon, au pétrole et au gaz ».
En effet, ceux-ci orientent encore près de 70 % de leurs financements énergétiques vers les énergies fossiles responsables de 80 % des émissions de CO2 dans le monde, ce qui rend encore un peu plus difficile l’atteinte des objectifs fixés par l’Accord de Paris.
Greenpeace veut interdire les « dividendes climaticides »
Pour contraindre les banques et les multinationales à respecter l’Accord de Paris, Greenpeace a publié un communiqué de presse appelant à interdire les « dividendes climaticides ». Concrètement, il s’agirait d’imposer aux entreprises une réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2040, conformément aux travaux réalisés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). La réduction nette devrait être supérieure à 7 % par an et s’accompagner d’un contrôle et de la certification des bilans carbone.
Dans le cadre de ce dispositif, les entreprises qui, à l’examen de leur compte carbone, apparaîtraient comme climaticides seraient sanctionnées. L’argent récupéré auprès des acteurs polluants pourrait ensuite être réorienté vers des fonds finançant la transition écologique. Pour prévenir de nouvelles crises liées au dérèglement climatique, « il est indispensable de rompre le lien toxique entre marchés financiers et activités climaticides », est-il précisé dans le communiqué.
L’État appelé à réguler les banques polluantes
Face à l’urgence climatique et au vu de l’empreinte carbone colossale que représentent les activités soutenues par les banques françaises, les ONG appellent l’État à prendre ses responsabilités. Selon ces organisations, cela doit passer par la mise en place de normes contraignantes visant à garantir l’orientation des flux financiers vers une économie bas carbone. Les institutions publiques peuvent s’investir davantage dans cette démarche en développant par exemple des critères d’investissement plus restrictifs. En effet, elles jouent souvent un rôle déterminant pour attirer les investisseurs privés dans de nombreux pays.
Plus concrètement, Oxfam et Les Amis de la Terre souhaitent que le gouvernement français mette un terme immédiat aux soutiens financiers dédiés à de nouveaux projets d’énergie fossile, à tout soutien financier aux entreprises qui prévoient de se développer dans les secteurs les plus à risque pour le climat et à celles actives dans ces mêmes secteurs.
Néobanques : quelles politiques d’investissement et de transparence ?
Les pratiques des banques amènent à s’interroger sur celles des institutions financières jeunes et qui opèrent entièrement en ligne. Si les néobanques proposent des services simplifiés, rapides et souvent moins chers que ceux des banques traditionnelles, leur politique d’investissement n’est pas forcément plus éthique. Celle qui figure sur leur site est d’ailleurs souvent très floue.
La banque mobile N26, qui propose l’ouverture d’un compte personnel ou d’un compte pro en seulement 8 minutes, indique placer les liquidités non utilisées par ses clients sur des supports à faible risque auprès de la Deutsche Bundesbank et d’autres banques européennes de la zone euro. Revolut, autre néobanque populaire, indique très peu d’informations sur son site. L’établissement précise seulement que les fonds des clients sont protégés par le groupe bancaire britannique Barclays/Lloyds.
Ainsi, alors que leur apparition sur le marché est plus récente, les néobanques dont la politique d’investissement devrait logiquement être en phase avec les enjeux de la transition écologique ne sont pas pour autant plus éthiques que les banques traditionnelles. Ces acteurs se distinguent néanmoins en matière de transparence des tarifs pratiqués.
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