Faut-il croire le célèbre prophète Nostradamus ou est-ce un charlatan ?
Bien que son nom latin soit célèbre à travers le monde, les historiens ne l’ont jamais prise au sérieux. Et pour cause, les écritures de ce dernier ont une crédibilité historique troublante. Certains y voient une simple coïncidence tandis que d’autres parlent de prophétie. Mais qu’en est-il réellement ? Nostradamus est-il un véritable prophète ou un charlatan parmi tant d’autres à travers l’histoire ? Pour y voir clair, plusieurs points sont à aborder.
Qui est Nostradamus ?
Son nom est entré dans la culture générale actuelle, mais que sait-on exactement à propos de lui ? Qui se cache derrière ces écrits prophétiques ? Resituons d’abord l’homme à son époque. Nostradamus, de son vrai nom Michel de Nostredame, est né à 1503. Le nom Nostradamus n’est pas à proprement dit l’exacte transcription de Nostredame en latin. Cela vient plutôt de Domina nostra ou Nostra domina, qui signifie « Nous donnons les choses qui sont nôtres » ou « Nous donnons les panacées ».
De nationalité française, il est né à Saint-Rémy-de-Provence où il exerçait le métier d’apothicaire, et bien évidemment d’auteur. Adepte de l’Astrologie, il a utilisé son savoir pour faire des prédictions importantes sur l’histoire de France, mais aussi du monde. Plusieurs sources confirment aussi que ce personnage historique était un médecin, figurant dans les membres de la faculté de médecine de Montpellier. Toutefois, l’époque n’était pas encore assez ouverte d’esprit sur l’association de la pratique de l’astrologie et la médecine. Il a donc été exclu de la faculté de médecine. Néanmoins, cette exclusion ne l’empêche pas d’en faire son métier.
En effet, il déménage à Agen en 1533 où il pratique de la médecine à domicile. Il y fait la rencontre d’Henriette d’Encausse, qu’il épouse l’année suivante. Le couple a eu 2 enfants, un garçon et une fille. Malheureusement, sa femme et ses enfants sont emportés par la maladie, sans doute une épidémie de peste. En 1547, il se marie à nouveau avec Anne Ponsard, une veuve originaire de Salon-de-Provence. Le couple a eu 6 enfants, dont 3 garçons et 3 filles.
Après cette tragédie, Nostradamus devient un véritable nomade, se déplaçant sans arrêt, enrichissant son savoir à chaque nouvelle destination. Entre 1540 et 1945, Nostradamus entreprend un tour de France, qui lui permettra de rencontrer un bon nombre de médecins et de savants. Pendant ce périple, de nombreuses légendes sont racontées comme son passage à Bar-le-Duc, où il exhorte les catholiques à tenir ferme contre les luthériens, d’après Étienne Jaubert.
En 1543, le prophète Nostradamus décide de continuer son périple en Italie, dont l’une des premières villes visitées est Vienne. Il revient ensuite en 1544 pour étudier la peste qui sévissait à Marseille. Il va mettre au point un médicament censé prévenir de la peste. Il testa ce médicament en 1546 à Aix. Le médicament semble agir comme prophylactique, mais Nostradamus lui-même explique que ce n’est pas efficace. Toutefois, son traitement trouve un certain succès, il est donc souvent demandé sur des cas d’épidémies.
Après avoir vécu tant de périples, il commence à s’atteler à l’écriture d’almanach qui propose un contenu très diversifié. Cela va des prédictions météorologiques, aux recettes de beauté avec des plantes en passant par des conseils médicaux. C’est également à cette époque qu’il approfondit l’étude des astres. Son premier almanach populaire est publié en 1550, il recueillit une collection de prédictions astrologiques qui proposent un calendrier s’étalant sur une année. Les informations proposées ont un style énigmatique et polyglotte. C’est ainsi que commença la légende de Nostradamus.
Nostradamus est mort le 2 juillet 1566. Il existe bon nombreux de théorie à propos de sa mort. Certains expliquent sa mort par un problème épileptique. Cette théorie se base sur la préface de sa première édition de ses Prophéties. Les théories les plus plausibles parlent d’une insuffisance cardiaque ou de goutte. Dans ces derniers ouvrages, certains y voient une preuve que Nostradamus connaissait les circonstances de sa mort.
Les prophéties de Nostradamus
Ce qui a rendu Nostradamus, et ce, même à notre époque ce sont les prophéties qu’il a fait. Nostradamus a écrit plusieurs ouvrages de Prophéties dont le premier est apparu en 1555. Il existe plusieurs autres ouvrages, mais il s’agit de documents antidatés ou piratés. L’ouvrage est organisé en Centuries, soit un ensemble d’une centaine de quatrains.
La première édition contient 353 quatrains prophétiques. Les interprétations divergent, car l’écriture de Nostradamus prête à confusion avec son style obscur mélange des vocabulaires en français, en latin et en grec. En outre, les méthodes d’impression proposent des exemplaires avec des différences. Toutefois, du moment que les évènements décrits sont a posteriori de l’écriture, un quatrain reste divinatoire, et donc une prophétie.
Parmi les écrits qui ont fait la réputation de Nostradamus, on retrouve la centurie I, quatrain 35. On peut y lire « Le lyon ieune le vieux surmontera ; En champ bellique par singulier duelle ; Dans Cage d’or les yeux luy creuera ; Deux playes vne, puis mourir, mors cruelle. » Selon amateurs d’ouvrage prophétique, ce quatrain annonçait la mort d'Henri II.
Il faut savoir qu’en 1559 au mois de juin, le roi Henri II affrontait le comte de Montgomery dans un tournoi de chevalerie. Selon les amateurs, les deux auraient porté un lion comme insigne. Henri II reçut la lance due comte de Montgomery dans son casque et aurait eu l’œil transpercé. La mort surviendra 10 jours plus tard. Il s’agit de la prophétie la plus célèbre et la plus connue à ce jour.
Il y a aussi les prophéties dites apocryphes qui sont des fausses prophéties. Cela fait surtout référence aux Sixains, publié au siècle. Un doute subsiste même au sein des adaptes du Nostradamus, car le style d’écriture est plus direct, loin du côté mystérieux du prophète. Parmi les prophéties dites fausses, il y a sixain 52 qui évoque le massacre de la Saint-Barthélemy d’aout 1512. Le sixain disait « La grand'Cité qui n’a pain à demy ; Encore un coup la saint Barthelemy, Engravera au profond de son âme : Nisme, Rochelle, Geneve & Montpellier ; Castres Lyon, Mars entrant au Bélier ; S’entrebattront : le tout pour une Dame. ».
Il y a aussi des faux ouvrages qui parlent d’évènements qui se déroulent à notre époque comme le 11 septembre 2001. Beaucoup d’écriture circule en ligne, prétendant être l’œuvre de Nostradamus qui prédisait le 11 septembre. L’un des plus célèbres est celui écrit en 1997 par Neil Marshall, un jeune étudiant canadien de Brock University. Ce dernier voulait prouver qu’on pouvait écrire des prophéties ambiguës à la manière de Nostradamus. D’ailleurs, après le 11 septembre de nombreux ouvrages sont apparus en ligne, des canulars qui évoquent un potentiel 3ème Guerre Mondiale.
Nostradamus, un prophète ?
Nombreux sont les ouvrages de Nostradamus qui sont restés au rang de simple prédiction. Toutefois, il y en a qui sont intrigantes et qui ont suscité l’intérêt des spécialistes. Il existe beaucoup d’ouvrage au sujet de Nostradamus et de ses prédictions. Parmi les spécialistes qui se sont penchés sur le sujet, il y a Jean-Charles de Fontbrune avec son livre « Nostradamus, historien et prophète » ou encore Georges Dumézil ave son « sotie nostramatique ». Le livre de Jean-Charles de Fontbrune est un des œuvres les plus complets sur le sujet.
Toutefois, il ne fait pas l’unanimité, car certains y voient une vulgarisation des prédictions de Nostradamus. C’est la « sotie nostramatique » de Georges Dumézil qui a le plus suscité l’intention de nos jours. Pour rappel, Georges Dumézil est un philologue, historien, philosophe, linguiste et membre de l’Académie française. Il a notamment découvert un quatrain qui annonçait la visite du pape à Istanbul et l’attentat contre lui dans « quand fleurira la rose ». Il y a aussi l’invasion de Chypre par les Turcs et le changement de régime en Grèce en 1974.
Mais le but de Georges Dumézil n’est pas réellement de montrer Nostradamus comme un prophète. Il faut savoir que « sotie » signifie « farce à caractère littéraire ». Georges Dumézil explique donc qu’il fait cela à titre de distraction. Il s’exclama plus tard « Sur Nostradamus, il manque un travail qui serait fait de sang-froid : ni le mépris moqueur ni la passion partisane. ». En effet, il manque un travail de recherche sur la carrière de Michel de Nostredame, ce jeune docteur qui soigna la peste. La majorité se concentre sur la partie prophète de Nostradamus.
Parmi les autres œuvres à cet effet, on cite Les astrologues à la fin du Moyen Age (aux Editions Lattès) de Maxime Préaud le conservateur à la Bibliothèque nationale et les Lettres inédites de Nostradamus de Jean Dupèbe chez Droz (Genève). Si certaines des prédictions de Nostradamus se sont avérées, il en reste beaucoup qui sont encore à vérifier. Les prophéties relèvent de la foi, il tient donc à chacun de croire ou non au pouvoir divinatoire de Nostradamus. Il manque un travail de recherche sur sa personne pour avoir une vue objective de ses œuvres.
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Nostradamus, des fans inconditionnels
Le pouvoir de prédiction donne à un individu une supériorité par rapport aux autres. Ce n’est donc pas étonnant si une communauté d’adepte s’est construite autour de Nostradamus. Parmi ces fidèles, il y a Pierre Céard, un professeur de littérature française de la Renaissance à l’université de Paris Xll-Créteil. Ce spécialiste des monstres et de la divination au XVIe siècle s’est penché sur le cas Nostradamus. Il explique que Les historiens restent très prudents à l’égard de ce phénomène, en parlant de pouvoir de prédictions.
D’un point de vue scientifique, il n’est pas convenable d’y croire. Mais selon lui, le problème n’est pas de croire ou non au pouvoir de Nostradamus. Le but est d’étudier son rôle historique. Il faut se demander comment il a été reçu à son époque et à notre époque. C’est en se posant les mauvaises questions qu’il n’y a toujours pas d’édition critique sur Nostradamus.
Mais forte heureusement, les fans de Nostradamus n’ont pas oublié l’homme derrière le mythe. C’est à Lyon que s’est formée en 1983 une « Association des amis de Michel Nostradamus ». Cette association s’est fixé comme objectif de servir la mémoire de Nostradamus, de contribuer à mieux faire connaître l’homme et la vie, et de s’opposer à certaines déformations ou vulgarisations contraires à son esprit.
L’association s’est créée en réaction au succès du livre de Jean-Charles de Fontbrune. L’association estime que cette œuvre a fait du mal à Nostradamus en rendant ridicule le sujet. Le choix de la localisation n’est pas un hasard, c’est un choix symbolique puisque c’est à Lyon que Nostradamus a publié la première édition de ses Centuries.
L’association, situé entre Saône et Rhône compte une centaine de membres. La boite aux lettres de l’association regorge de courriers, des lettres de « fans » qui croient avoir trouvé la clef des Centuries et proposent des interprétations. L’association possède un programme bien établi, elle privilégie l’efficacité contre la fantaisie. Elle propose notamment la publication de la bibliographie exhaustive auprès d’un éditeur allemand.
Elle propose aussi des « Cahiers Michel Nostradamus » avec un rythme de parution accéléré. Il y la mise en valeur des villes où a vécu Nostradamus à Saint-Rémy-de-Provence (ville de naissance) et au Salon-de-Provence (maison où il a vécu). En outre, on peut parler des participations aux congrès d’astrologie de Lyon et de Londres.
Mais, pour le moment les actions de l’association ont encore peu d’impact. En effet, cela n’a pas encore suscité l’intérêt des historiens français ou changé leur avis sur Nostradamus.
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